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Israël tue la famille du chef de bureau d’Al Jazeera à Gaza

Pour Wael al-Dahdouh, principal correspondant de la chaîne à Gaza, Israël a voulu « se venger » de lui en tuant sa femme, sa fille et son fils
Wael al-Dahdouh a appris la nouvelle alors qu’il couvrait une autre attaque israélienne (Réseaux sociaux)
Wael al-Dahdouh a appris la nouvelle alors qu’il couvrait une autre attaque israélienne (Réseaux sociaux)
Par MEE

L’épouse, la fille, le fils et le petit-fils du chef de bureau d’Al Jazeera arabe à Gaza ont été tués mercredi 25 octobre dans une frappe aérienne israélienne dans le camp de Nuseirat.

Wael al-Dahdouh, principal correspondant à Gaza, considéré par beaucoup dans le monde arabe comme le visage de la couverture médiatique par Al Jazeera dans l’enclave assiégée, a reçu la nouvelle alors qu’il couvrait une autre attaque israélienne.

Le journaliste a été vu dans des images publiées en ligne en train de dire au revoir à son fils, Mahmoud, en larmes, après l’arrivée de son corps à l’hôpital.

Traduction : « Wael al-Dahdouh, correspondant d’Al Jazeera, [filmé] à l’hôpital alors que des membres de sa famille, dont sa femme, son fils et sa fille, sont morts en martyrs dans un bombardement israélien à Gaza. »

« Tu voulais être journaliste », a déclaré Wael al-Dahdouh en s’agenouillant à côté du corps de son fils.

« Ils [les Israéliens] utilisent nos enfants pour se venger de nous ? » s’est-il interrogé. « C’est bon. À Dieu nous appartenons et à lui nous retournons. »

Plus tard, il a précisé que ses larmes n’étaient pas des larmes « de peur ou de lâcheté » mais plutôt de compassion.

« C’est la politique de l’occupation, c’est notre destin et notre choix, et nous n’en dévierons pas », a commenté le journaliste au micro d’Al Jazeera.

Dans une interview télévisée avec la chaîne israélienne 13, Zvi Yehezkeli, un journaliste israélien, a déclaré que la famille du journaliste avait été intentionnellement ciblée.

« En général, nous connaissons nos cibles, par exemple aujourd’hui, la cible était la famille du journaliste d’Al Jazeera », a-t-il déclaré.

La colère de responsables israéliens

En plus de Mahmoud, de Sham, la fille de Wael al-Dahdouh, et de son épouse Umm Hamza, plusieurs autres personnes ont été tuées lors de l’attaque. Des dizaines d’autres Palestiniens ont été blessés, parmi lesquels d’autres membres de la famille du journaliste. Cette dernière avait trouvé refuge chez un parent dans le sud de Gaza.

La couverture par Al Jazeera de l’agression israélienne incessante contre les Palestiniens à Gaza a suscité la colère de nombreux responsables israéliens qui cherchent à fermer le bureau de la chaîne.

Plus tôt cette semaine, le gouvernement israélien a approuvé des « réglementations d’urgence » visant à fermer les chaînes considérées comme agissant contre la « sécurité de l’État ».

Le ministre israélien des Communications, Shlomo Karhi, a déclaré plus tôt que cette législation d’urgence visait à fermer Al Jazeera.

Avant que l’interdiction de la chaîne d’information internationale basée au Qatar ne soit promulguée, elle devra obtenir l’approbation du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui devrait signer le nouveau règlement.

Présence physique à Gaza

Al Jazeera est le plus grand média d’information en langue arabe à diffuser des informations en ligne et à la télé sur la situation à Gaza, en Israël et dans d’autres territoires palestiniens occupés.

C’est l’une des rares chaînes internationales à avoir une présence physique à Gaza et en Israël, alors que personne ne peut quitter ou entrer dans l’enclave côtière qui est maintenant complètement assiégée, sans électricité, carburant et autres fournitures autorisées à y entrer.

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La couverture internationale des bombardements israéliens est donc revenue aux médias déjà présents sur le terrain, comme Al Jazeera.

Les bombardements ont jusqu’à présent tué plus de 6 500 Palestiniens et fait plus de 1 500 disparus et victimes présumées bloquées sous les décombres.  Selon le ministère de la Santé, il n’y a aucun moyen de les secourir. Plus de 70 % des personnes tuées sont des enfants, des femmes et des personnes âgées.

La campagne de bombardements a tué des dizaines de journalistes, médecins, premiers secours, écrivains, artistes et footballeurs, entre autres.

Les violences ont éclaté le 7 octobre après une attaque du Hamas dans le sud d’Israël. Selon les autorités israéliennes, environ 1 400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’assaut, la majorité d’entre elles étant des civils. Au moins 220 autres personnes ont été faites prisonnières à Gaza, dont des soldats et des civils.

Al Jazeera entretient des relations glaciales avec Israël, bien que la chaîne ait été l’une des premières dans la région à interviewer des personnalités israéliennes.

En 2022, la journaliste palestino-américaine d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh a été abattue par un soldat israélien alors qu’elle faisait un reportage à Jénine.

Le média a récemment condamné Israël pour une attaque de missile au Liban contre un groupe de journalistes, parmi lesquels se trouvaient ses propres reporters.

« Israël a une fois de plus tenté de faire taire les médias en ciblant les journalistes, alors que les forces israéliennes ont tiré un missile guidé sur l’équipe d’Al Jazeera au sud du Liban, blessant deux personnes et tuant un journaliste de Reuters », a indiqué la chaîne dans un communiqué.

Traduit de l’anglais (original).

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